Cérémonie des vœux 2020
Discours d’ouverture.
Des banderoles, des revendications, des grèves : cette année 2019 s’est terminée dans une ambiance agitée. Comme s’est terminée 2018 d’ailleurs, secouée par la crise des Gilets Jaunes.
Évidemment, en tant qu’élue de la Majorité, je me dois d’endosser la responsabilité de ce climat.
Sans me défausser.
Nous avons une politique volontariste de réformes, nous succédons à des années d’immobilisme, dont nous devons d’ailleurs assumer l’héritage.
Et cette situation n’est pas gage de stabilité, disons, pas encore.
Et je me dois de vous le dire, en réalité, je ne suis pas surprise. Et je suis toujours aussi déterminée.
Je suis déterminée parce que les responsabilités que j’occupe aujourd’hui ne sont pas le résultat d’un long parcours de conquête du pouvoir, durant lequel j’aurais franchi les échelons, animée par la vocation d’entrer en politique comme on entre en religion.
Non.
Les responsabilités que j’occupe aujourd’hui sont un cadeau, une confiance accordée
Et surtout, c’est une mission. Celle de réparer ce pays, celle de réformer la France.
Je ne suis pas là pour durer, je suis là pour agir. Et il est possible, si je ne suis plus utile à cela, que je retourne à la société civile à l’issue de mon mandat.
Je ne suis pas surprise parce qu’il y a encore dans ce pays une culture du dialogue social qui ressemble plutôt à un affrontement social, un syndicalisme qui peut être très politique et très militant, une peur du lendemain aussi qui est le résultat de 10 ans de crise économique très grave et une défiance à l’égard des politiques dont …
Mais au fait pourquoi une génération de nouveaux politiques, (je rappelle que 70% des députés ont été renouvelés en 2017) de nouveaux élus issus de la société civile, suscitent-ils autant de défiance, alors que souvent ils n’ont aucun passé politique ?
Cette question me taraude depuis 2017.
Est-ce parce que les Français n’ont pas conscience de ce renouvellement en profondeur de la classe politique ?
Est-ce que les affaires Benalla, De Rugy, Delevoye les ont conforté dans cette idée ?
Oui, probablement.
Mais quand même …
Si on lève le nez et que l’on observe le monde, on voit bien que la contestation populaire s’est enhardie partout : en Iran, ces derniers jours, en Irak, en Algérie, au Soudan, au Chili, en Argentine, en Bolivie, à Hong Kong …
Et que dénonce cette contestation : elle dénonce la corruption qui gangrène ces sociétés ;
Elle dénonce le désastre économique qui mine ces pays ;
Elle dénonce le déni de démocratie permanent qui s’illustre dans le l’organisation des élections …
Et c’est une bonne nouvelle que ces peuples s’insurgent, eux qui peuvent maintenant, grâce à internet et aux réseaux sociaux, se comparer avec le monde et aspirer à être traiter comme …
Mais comme qui au fait ?
Peut-être comme nous, non ?
Pourquoi ne faisons-nous pas, à l’inverse, cet exercice de comparaison appliquant le conseil de Talleyrand :
Quand je me regarde, je me désole. Quand je me compare, je me console.
Parce que si nous le faisions, sûr que nous réaliserions que, comme le dit Sylvain Tesson : « La France est un paradis peuplé de gens qui se croient en enfer ».
Oui, nous sommes un exemple de démocratie, quand n’importe qui peut dire n’importe quoi sur les grands médias et notamment affirmer, sans ciller que nous sommes dans une dictature.
Demandez donc aux Chinois, aux Iraniens, aux Algériens s’ils peuvent aller insulter leurs présidents sur une radio de service public.
Oui, nous sommes un État de droit, quand la Justice – dont nous pouvons avec fierté, louer l’indépendance – prend la décision de mettre en examen un ancien président de la République ou un haut dignitaire religieux.
Oui, nous sommes un État transparent et probe, quand bien même et justement parce qu’un ministre se trouve acculé à la démission parce qu’il a mis des homards au menu ou qu’il a mal rempli sa déclaration sur le site, dont nous pouvons être fiers, de la Haute autorité de la Transparence dans la VIe publique.
Non, nous ne menons pas une politique d’austérité, quand nous prenons fin 2018, 17 milliards de mesures d’urgence pour répondre à la Crise des Gilets Jaunes, quand près de 60% de la dépense publique est consacrée à notre politique sociale : santé, retraite, chômage, famille. Un « pognon de dingue », si vous voyez ce que je veux dire.
Non, nous ne sommes pas dans une économie sinistrée, quand notre taux de croissance se situe au dessus de la plupart des pays de la Zone euro, quand la France est en tête de l’attractivité industrielle en Europe avec près de 400 implantations nouvelles.
Quand le chômage est en baisse atteignant son niveau le plus bas depuis 10 ans.
Quand le pouvoir d’achat est en hausse en moyenne de 3%.
Et non, nous ne sommes pas un Pays qui mène une politique libérale, quand la France, en dépit des 5 milliards de baisse d’impôts votée dans la dernière loi de finances et qui profiteront essentiellement aux classes moyennes, quand la France occupe la première place du podium de la pression fiscale des pays développés et quand, en dépit de la suppression de l’ISF, nous avons les droits de succession les plus élevés, le taux d’imposition des bénéfices le plus élevé et le taux d’imposition du capital financier le plus élevé des pays de l’OCDE.
Et non, nous ne sabordons pas notre modèle social, quand nous réformons notre système de retraite pour préserver le principe de la répartition, quand nous souhaitons instaurer un minimum de retraite à 1000 euros, quand nous créons une complémentaire santé à 1€ pour les plus démunis, quand nous augmentons les minima sociaux, quand nous décidons d’un Revenu universel d’activité pour simplifier et développer l’accès aux droits.
Bien sûr, tout n’est pas parfait. Et c’est le principe de la démocratie que de confronter les idées, les programmes, les visions politiques.
Mais doit-on pour cela raconter n’importe quoi, des fakes news aux pseudos théories du complot ?
Les manifestations doivent-elles immanquablement finir en casse, en violence et en affrontements ?
Les parlementaires doivent-ils être conspués, leurs permanences vandalisées dès qu’ils ont le malheur de voter ce qui était dans le programme pour lequel ils ont été élus ?
Doit-on obligatoirement pour montrer son désaccord, insulter, menacer, sur les réseaux sociaux ?
Non, bien sûr que non.
Mais oui, félicitons-nous de la vivacité de notre démocratie, quand certains qui insultent et pérorent sur les plateaux télé, voudraient nous faire croire que nous vivons en dictature.
Félicitions-nous de notre liberté d’expression.
Félicitons-nous du droit inaliénable de manifester, de faire la grève.
Félicitons-nous du bon fonctionnement de nos institutions et de la séparation des pouvoirs qui est bien réelle.
Félicitons nous d’être dans un pays où la solidarité nationale fonctionne encore à plein.
Reconnaissons tout cela.
Continuons à nous en féliciter.
Mais n’en abusons pas…
Puisque nous sommes en début d’année, je forme le vœu que notre démocratie, qui pourrait être menacée par le populisme et la violence, continue à être un exemple pour le monde.
Je forme le vœu que notre devise Liberté, Egalité, Fraternité reste le dénominateur commun des programmes politiques dans ce Pays.
On a encore un peu de boulot pour la fraternité, même beaucoup de boulot.
Je ne vais pas vous promettre un apaisement immédiat parce que nous avons encore quelques chantiers à mener.
Mais je continue à penser que notre voie, centrale, progressiste et pragmatique est la bonne pour nous permettre de retrouver une prospérité dont nous tirerons tous les bénéfices.
ET le vrai grand défi que nous avons à relever et bien.
C’est celui de l’écologie et du climat.
Face à ce défi nous serons tous frères et nous devons être unis.
Bonne année à tous !