Une SICAV pour financer les entreprises de Nouvelle Aquitaine
J’ai réuni, le 23 avril 2018, en partenariat avec l’association BPFT (Bordeaux place financière et tertiaire), une centaine de professionnels de la finance en Nouvelle-Aquitaine.
Ma proposition : créer une Sicav (société d’investissement à capital variable) régionale pour permettre aux particuliers de financer les entreprises TPE, PME et ETI de la région.
Mon objectif : disposer d’un produit opérationnel d’ici à la fin de l’année, en travaillant de concert avec les banques de détails et les intermédiaires financiers de la région.
Tour à tour, j’ai créé et repris des entreprises, sa gestion au long cours, la réalité des difficultés de financement me sont donc familières.
La France compte 140 000 PME qui détiennent la clé de la croissance de notre pays et la clé de l’emploi. Elles emploient en moyenne 30 salariés. Elles n’ont ni la taille, ni les moyens de leurs ambitions.
Bien plus aujourd’hui qu’il y a 20 ans, elles doivent faire face à des défis majeurs :
- L’innovation bien sûr
- Mais aussi
- La Transition numérique
- L’ouverture à l’export
- La modernisation de leur appareil de production
Ces défis énormes qu’elles doivent aujourd’hui relever, sont autant d’opportunités, bien plus aussi qu’il y a 20 ans, de se développer et de créer des emplois et de la croissance.
Mais pour cela, leurs moyens se limitent trop souvent à des crédits bancaires sur 3 ans, réduits en montants et lourds en garanties.
Il est temps de révolutionner la façon dont sont financées les entreprises !
La France dispose d’une épargne très abondante de 4750 milliards, ce qui nous classe parmi les pays qui ont une capacité d’épargne parmi les plus élevées au monde ! Mais cette épargne, on le sait, ne finance pas assez notre économie nationale.
Les français n’investissent pas dans leurs entreprises, parce que dit-on, ils aiment les placements sûrs. C’est vrai.
Les français aiment la pierre. Les Français ont tendance à privilégier l’épargne réglementée. L’assurance vie capte ainsi 1600 milliards d’euros…
Enfin, autre chiffre à méditer, 400 milliards d’euros dorment sur les comptes bancaires des français, sans être investis nulle part.
Les français surtout, investissent en fonction des incitations fiscales. On ne mise plus sur l’économie, sur la croissance, sur des secteurs d’activité, sur des projets. On investit pour réduire le montant de ses impôts.
C’est donc un changement de culture que nous devons opérer.
Et pour cela nous avons choisi d’agir sur 4 leviers :
Le premier levier est le levier fiscal
Nous avons fait évoluer la fiscalité des entrepreneurs et des investisseurs, en supprimant l’ISF et en créant l’impôt sur la fortune immobilière. C’est un signal fort. Avec le Prélèvement forfaitaire unique, il devient plus intéressant de voir dans quoi on place son argent plutôt que de seulement considérer la fiscalité de l’épargne. C’est également simplifier l’environnement fiscal, faire le ménage dans les niches fiscales pour ramener davantage de neutralité dans le choix des investisseurs.
Ce sont les mesures que nous avons adoptées dans la dernière loi de finances.
Après la fiscalité, le deuxième levier est la réglementation.
La loi PACTE, dont le projet va arriver à l’Assemblée, comporte différentes mesures pour simplifier l’environnement réglementaire des entreprises.
Il s’agira notamment :
- D’orienter davantage l’assurance-vie vers le financement de l’économie réelle ;
- De mieux orienter l’épargne française vers les fonds propres des PME/ETI non cotées ;
- Faciliter l’ouverture du capital et l’introduction en bourse des entreprises ;
- De simplifier et renforcer le recours à l’intéressement et à la participation notamment pour les PME ;
- De développer l’actionnariat salarié en visant un objectif de 10% du capital.
Le troisième levier est l’innovation.
Le numérique offre de grandes opportunités pour modifier le visage de l’épargne. Le Crowdfunding est une bonne porte d’entrée pour faire la pédagogie de l’investissement dans des projets d’entreprises. Et je ne parle pas des nombreux services qui peuvent être offerts aux épargnants en matière d’analyse des comptes ou de coaching financier, par exemple.
Quatrième et dernier levier : l’éducation et la formation.
Pour changer une culture, il faut expliquer, informer, donner les moyens de comparer. Il faut que les français soient en mesure de comprendre comment fonctionnent les flux financiers dans l’économie, ce qui est fait de leur argent lorsqu’ils le placent sur tel ou tel produit.
Investir même des petites sommes dans une entreprise de proximité
Les objectifs ont été clairement chiffrés. L’épargne aujourd’hui investie dans les entreprises représente 5 milliards d’euros quand on additionne l’ISF PME qui existait jusqu’à l’année dernière, les levées de fonds de banques et de gestionnaires de patrimoine, et le PEA PME. Nous voulons doubler le montant de ces investissements, passer de 5 milliards d’euros à 10 milliards d’euros par an d’ici 2022.
Je suis profondément convaincue que ce changement de culture que j’ai évoqué à plusieurs reprises sera plus facile à opérer localement, dans la proximité entre les épargnants néo-aquitains et les PME de leur région. Qu’investir, même des petites sommes, dans une entreprise dont on connaît les dirigeants, ou dans laquelle des membres de notre famille travaillent ou dont on achète régulièrement les produits et les services, c’est le moyen le plus efficace de se sentir acteur de l’économie de sa ville, de sa région, de son pays.
C’est se voir animé par une forme de patriotisme économique, tellement présent chez nos voisins allemands et si difficile à insuffler ici.
Avec l’association Bordeaux Place Financière et Tertiaire, qui rassemble des dirigeants de l’écosystème financier et tertiaire supérieur du territoire girondin et aquitain et le Conseil Régional, qui croit dans le tissu de PME et ETI du territoire et qui s’implique très concrètement, nous travaillons collectivement et activement à la création d’un produit d’épargne opérationnel pour soutenir les entreprises de notre région d’ici à 2019.
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